Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/394

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une certaine portion du revenu général de l’État, que le roi juge à propos de retrancher de ses autres dépenses.

Par l’ancienne loi de la France, aussi bien que de la plupart des autres endroits de l’Europe, ces journées de travail ou corvées étaient sous la direction d’un magistrat local ou provincial qui ne dépendait pas immédiatement du conseil du roi. Mais dans l’usage actuel, les corvées ainsi que tout autre fonds que le roi juge à propos d’assigner pour la réparation des grands chemins dans une province ou généralité particulière, sont entièrement sous la direction de l’intendant, officier qui est nommé et révoqué par le conseil du roi, qui en reçoit les ordres, et qui correspond continuellement avec lui. Dans les progrès du despotisme, l’autorité du pouvoir exécutif absorbe successivement celle de tout autre pouvoir de l’État, et s’empare de l’administration de toutes les branches de revenu destinées à quelque objet public. Néanmoins, en France les grandes routes de poste, celles qui font la communication d’entre les grandes villes du royaume, sont en général bien tenues, et dans quelques provinces elles sont même de beaucoup au-dessus de la plupart de nos routes à barrières. Mais ce que nous appelons chemins de traverse, c’est-à-dire la très-majeure partie des chemins du pays, sont totalement négligés, et dans beaucoup d’endroits sont absolument impraticables pour une forte voiture. En certains endroits il est même dangereux de voyager à cheval, et pour y passer avec quelque sûreté on ne peut guère se fier qu’à des mulets. Le ministre orgueilleux d’une cour fastueuse se plaira souvent à faire exécuter un ouvrage d’éclat et de magnificence, tel qu’une grande route qui est à tout moment sous les yeux de cette haute noblesse dont les éloges flattent sa vanité et contribuent de plus à soutenir son crédit à la cour. Mais ordonner beaucoup de ces petits travaux qui ne peuvent rien produire de très-apparent ni attirer les regards du voyageur ; de ces travaux, en un mot, qui n’ont rien de recommandable que leur extrême utilité, c’est une chose qui semble, à tous égards, trop mesquine et trop misérable pour fixer la pensée d’un magistrat de cette importance. Aussi, sous une pareille administration, les travaux de ce genre sont-ils presque toujours totalement négligés.

En Chine et dans plusieurs autres gouvernements de l’Asie, le pouvoir exécutif se charge de la réparation des grandes routes et même de l’entretien des canaux navigables. Ces objets, dit-on, sont constamment recommandés au gouverneur de chaque province dans les instruc-