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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/397

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inhumaine et très-despotique. Les corvées, qui sont le nom qu’on donne à cette contribution, sont devenues, entre les mains de ces officiers, un des principaux instruments de leur tyrannie pour châtier la paroisse ou la communauté qui aura eu le malheur d’encourir leur disgrâce[1].


II. Des travaux et établissements publics qui sont nécessaires pour faciliter quelque branche particulière du commerce


L’objet des travaux et établissements publics dont on vient de parler, est de faciliter le commerce en général. Mais, pour faciliter quelques branches particulières, il faut des établissements qui exigent encore une dépense spéciale et extraordinaire.

Des branches particulières de commerce, qui se font avec des peuples barbares et non civilisés, exigent une protection extraordinaire. Un simple magasin ou comptoir ne suffirait pas pour la sûreté des marchandises de ceux qui trafiquent avec les côtes occidentales de l’Afrique. Il est indispensable que l’endroit où ces marchandises sont déposées soit en quelque sorte fortifié, pour les défendre contre les naturels du pays. Les désordres survenus dans le gouvernement de l’Indostan ont fait croire qu’une pareille précaution était nécessaire même chez ce peuple si doux et si soumis, et ce fut sous le prétexte de mettre les personnes et les propriétés à l’abri de la violence, que les compagnies des Indes, tant d’Angleterre que de France, ont obtenu la permission d’élever les premiers forts qu’elles ont occupés dans ce pays. Chez d’autres nations dont le gouvernement énergique ne souffrirait pas que des étrangers possédassent sur son territoire quelque lieu fortifié ; il peut être nécessaire d’entretenir un ambassadeur, un ministre ou un consul qui décide, d’après nos lois et nos usages, les différends survenus entre nos compatriotes, et qui, dans leurs contestations avec les naturels du pays, puisse, à la faveur de son caractère public, s’interposer avec plus d’autorité et leur prêter une protection plus puissante qu’ils ne pourraient l’attendre d’un simple particulier. Souvent les intérêts

  1. Il est inutile de faire remarquer que ces observations d’Adam Smith s’appliquent à un ordre de choses qui n’est plus. Depuis que les Français sont rentrés en possession de leurs droits, et principalement depuis 1830, la législation des routes a été refaite sur des bases plus équitables, et la France d’aujourd’hui ne ressemble plus guère à la France de 1775. A. B.