Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du commerce ont exigé qu’on entretînt des ministres dans des contrées étrangères, où des motifs de guerre ou d’alliance n’en auraient pas demandé. Le commerce de la compagnie de Turquie fut la première cause qui donna lieu à avoir un ambassadeur à Constantinople. Les premières ambas­sades de l’Angleterre en Russie n’eurent d’autre objet que des intérêts commerciaux. C’est probablement la communication constante que ces intérêts ont occasionnée entre les sujets des différents États de l’Europe, qui a introduit la coutume d’entre­tenir, dans tous les pays voisins, des ambassadeurs ou ministres qui y résident cons­tam­ment, même en temps de paix. Cette coutume, inconnue dans les anciens temps, ne parait pas remonter au-delà de la fin du quinzième siècle ou du commencement du seizième, c’est-à-dire de l’époque à laquelle le commerce commença à s’étendre à la plus grande partie des nations de l’Europe, et à laquelle elles commencèrent à s’occuper de ses intérêts.

Il paraîtrait assez raisonnable que la dépense extraordinaire à laquelle peut donner lieu la protection d’une branche particulière de commerce fût défrayée par un impôt modéré sur cette même branche ; par exemple, par un droit modique une fois payé par le commerçant la première fois qu’il entre dans ce genre de commerce, ou, ce qui est plus égal, par un droit particulier de tant pour cent sur les marchandises qu’il importe dans les pays avec lesquels se fait cette branche de commerce, ou sur celles qu’il en exporte. On dit que le premier établissement des droits de douane a eu pour cause la protection du commerce en général contre les pirates et les corsaires qui infestaient les mers. Mais, s’il a semblé raisonnable d’établir un impôt général sur le commerce pour subvenir à ce qu’exige la protection du commerce en général, il devrait paraître tout aussi raisonnable d’établir un impôt particulier sur une branche particulière de commerce, afin de défrayer la dépense extraordinaire qu’exige la protection de cette branche.

La protection du commerce en général a toujours été regardée comme essentiel­lement bée à la défense de la chose publique et, sous ce rapport, comme une partie nécessaire des devoirs du pouvoir exécutif. En conséquence, la perception et l’emploi des droits généraux de douanes ont toujours été laissés à ce pouvoir. Or, la protection d’une branche particulière de commerce est une partie de la protection générale du commerce et, par conséquent, une partie des fonctions de ce même pouvoir ; et si les nations agissaient toujours d’une manière logique, les droits particuliers perçus pour pourvoir à une protec-