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merce étranger pour laquelle on a établi une compagnie privilégiée, sans devenir d’abord membre de cette compagnie. Le monopole est plus ou moins resserré, selon que les conditions pour l’admission sont plus ou moins difficiles à remplir, et selon que les directeurs de la compagnie ont plus ou moins d’autorité, ou qu’ils ont plus ou moins la faculté d’arranger les choses de manière à ce que la plus grande partie de ce commerce soit réservée pour eux et leurs amis particuliers. Dans les plus anciennes compagnies privilégiées, les privilèges d’apprentissage ont été les mêmes que dans les autres corporations, et ils autorisaient celui qui avait servi son temps sous un membre de la compagnie à en devenir membre lui-même sans payer aucun droit d’entrée, ou en en payant un beaucoup moindre que celui que l’on exigeait des autres. L’esprit ordinaire de corporation domine dans toutes les compagnies privilégiées, partout où la loi ne lui prescrit pas de bornes. Quand on a laissé agir ces compagnies d’après leur pente naturelle, elles ont toujours cherché à assujettir le commerce à une foule de règlements onéreux, afin de restreindre la concurrence au plus petit nombre possible de personnes. Quand la loi les a empêchées d’agir de cette manière, elles sont devenues tout à fait inutiles et parfaitement nulles.

Les compagnies privilégiées pour le commerce étranger qui subsistent actuellement dans la Grande-Bretagne sont : l’ancienne compagnie des commerçants à l’aventure, appelée communément aujourd’hui compagnie de Hambourg, la compagnie de Russie, la compagnie des Terres orientales, la compagnie de Turquie, et la compagnie d’Afrique.

Les conditions pour l’admission dans la compagnie de Hambourg sont aujourd’hui, dit-on, extrêmement faciles, et les directeurs de cette compagnie ou n’ont pas le pouvoir d’assujettir ce commerce à quelques gênes ou règlements onéreux, ou au moins depuis longtemps ne l’exercent point. Il n’en a pas toujours été de même. Vers le milieu du dernier siècle, le droit d’entrée était de 50 liv., il a été une fois de 100 liv. ; on assure que la conduite de la compagnie était extrêmement oppressive. En 1643, 1645 et 1661, les drapiers et les corps des marchands de l’ouest de l’Angleterre se plaignirent au parlement de ceux qui composaient cette compagnie, comme de monopoleurs qui gênaient le commerce et opprimaient les manufactures du pays. Quoique ces plaintes n’aient donné lieu à aucun acte du parlement, elles ont néanmoins probablement intimidé assez la compagnie pour l’obliger à ré-