Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/437

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vertu possible, et du côté des écoliers une extrême ineptie et une déraison complète. Je ne crois pas cependant qu’il y ait d’exemples que, quand les maîtres s’acquittent réellement de leur devoir, la plupart des écoliers négligent le leur. Il n’est jamais besoin du secours de la contrainte pour obliger d’assister à des leçons qui méritent d’être écoutées, comme on le voit bien partout où se donnent de pareilles leçons, Sans doute, il faut bien, à un certain point, user de moyens de gêne et de rigueur pour obliger des enfants ou de très-petits garçons à prêter attention à ces parties de l’éducation qu’on croit nécessaire pour eux d’acquérir dans le cours de cette première période de la vie ; mais, passé l’âge de douze à treize ans, pourvu que le maître fasse bien son devoir, la contrainte ou la gêne ne peut plus guère être nécessaire pour diriger aucune partie de l’éducation. Telle est la disposition généreuse de la plupart des jeunes gens, que, bien loin d’être portés à négliger ou à tourner en ridicule les instructions d’un maître qui leur témoigne sérieusement l’intention de leur être utile, ils sont, au contraire, portés d’inclination, en général, à lui pardonner un bon nombre d’inexactitudes dans l’accomplissement de son devoir, et quelquefois même à cacher aux yeux publics beaucoup de négligences grossières[1].

Il est à remarquer que ces parties de l’instruction pour lesquelles il n’y a pas d’institutions publiques sont, en général, les mieux enseignées. Quand un jeune homme va à une école d’armes ou de danse, il ne parvient pas toujours, il est vrai, à danser ou à faire des armes parfaitement ; mais il est bien rare qu’il n’y apprenne pas à danser ou à faire des armes. Les bons effets des écoles d’équitation ne sont pas communément aussi évidents. La dépense d’une école d’équitation est si forte, que dans la plupart des endroits c’est une institution publique. Les trois parties les plus essentielles de l’instruction littéraire, lire, écrire et compter, se donnent toujours plus communément dans des écoles particulières que dans des écoles publiques ; et aussi arrive-t-il très-rarement que personne manque d’acquérir ces connaissances au degré auquel il est nécessaire de les avoir.

Les écoles publiques en Angleterre sont beaucoup moins gâtées que les universités. Dans les écoles on enseigne à la jeunesse, ou au moins elle peut apprendre le grec et le latin, qui est tout ce que les maîtres prétendent enseigner ou toute l’instruction qu’on attend d’eux. Dans

  1. Quelle illusion, pour un ancien professeur ! A. B.