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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/440

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progrès dans le latin. L’hébreu n’ayant aucune liaison avec le savoir classique, et cette langue ne possédant, à l’exception des saintes Écritures, pas un seul livre un peu estimé, l’étude n’en commença communément qu’après celle de la philosophie, et quand l’étudiant fut entré dans la classe de la théologie.

Dans l’origine, on enseignait dans les universités les premiers éléments mêmes des langues grecque et latine, et dans quelques-unes on continue encore à les enseigner. Dans d’autres, on s’attend que l’étudiant aura probablement appris au moins les premiers éléments de l’une de ces langues ou de toutes les deux, dont l’étude continue toujours à faire partout une partie très-considérable de l’éducation des universités.

L’ancienne philosophie des Grecs était divisée en trois branches principales : la physique ou philosophie naturelle, l’éthique ou philosophie morale, et la logique. Cette division générale semble convenir parfaitement à la nature des choses.

Les grands phénomènes de la nature, les révolutions des corps célestes, les éclipses, les comètes, la foudre, les éclairs et les autres météores extraordinaires ; la génération, la vie, la croissance et la dissolution des plantes et des animaux, sont autant d’objets qui, naturellement excitant l’étonnement, appellent nécessairement la curiosité de l’homme à rechercher leurs causes. La superstition essaya la première de satisfaire cette curiosité, en rapportant à l’action immédiate de quelque divinité tous ces objets surprenants. La philosophie vint ensuite, et chercha à en rendre compte d’après des causes plus familières aux hommes, ou auxquelles ils étaient plus habitués, que l’action d’une divinité. Comme ces grands phénomènes sont les premiers objets de la curiosité humaine, de même la science qui se propose de les expliquer a dû nécessairement être la première branche de philosophie qu’on ait cultivée. Aussi, les premiers philosophes dont l’histoire nous ait conservé quelque souvenir semblent-ils avoir été des philosophes adonnés à l’histoire naturelle[1].

  1. Nous avons cru devoir traduire par histoire naturelle les mois natural philosophy, dont les Anglais se servent pour caractériser cette science. M. le sénateur Garnier avait adopté l’expression philosophie naturelle qui n’a aucun sens dans notre langue, ou qui du moins n’a jamais été prise dans l’acception d’histoire naturelle. A. B.