Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/446

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eu lieu ; et plusieurs de ces savantes sociétés ont préféré rester pendant longtemps comme des sanctuaires où les systèmes décriés et les préjugés surannés trouvaient encore refuge et protection après avoir été chassés de tout autre coin du monde. Les universités les plus riches et les mieux rentées ont été généralement les plus tardives à adopter les réformes et les découvertes nouvelles, et ce sont elles qui ont fait voir le plus d’éloignement pour tout changement un peu considérable dans le plan d’éducation alors établi. Ces réformes s’introduisirent moins difficilement dans quelques universités plus pauvres, dans lesquelles les professeurs, comptant sur leur réputation pour la plus grande partie de leur subsistance, étaient obligés d’avoir plus d’égard aux opinions reçues dans le monde.

Mais quoique les écoles publiques et les universités de l’Europe fussent uniquement destinées dans l’origine à l’éducation d’une profession particulière, celle des gens d’Église ; et quoique encore elles ne missent pas toujours beaucoup de soin à instruire leurs élèves dans les sciences mêmes qui passaient pour nécessaires à cette profession, cependant elles attirèrent à elles, peu à peu, l’éducation de presque toutes les autres personnes, et en particulier de presque tous les gens bien nés et ayant de la fortune. On ne sut pas trouver, à ce qu’il semble, une meilleure manière d’employer un peu fructueusement ce long intervalle qui sépare l’enfance d’avec cette période de la vie où les hommes commencent à s’appliquer sérieusement aux affaires du monde, aux affaires qui doivent les occuper pendant tout le reste de leurs jours. Cependant, la plus grande partie de ce qu’on enseigne dans les écoles et dans les universités ne semble pas ce qu’il y a de plus propre à les préparer à ses occupations.

En Angleterre, c’est une coutume qui gagne de plus en plus tous les jours que de faire voyager les jeunes gens dans les pays étrangers immédiatement au sortir de leurs classes, et sans les envoyer dans une université. Notre jeunesse, dit-on, revient au pays après avoir généralement beaucoup acquis dans ses voyages. Un jeune homme qui quitte le pays à dix-sept ou dix-huit ans et y rentre à vingt et un, revient avec trois ou quatre années de plus qu’il n’avait à l’époque de son départ, et à cet âge il est très-difficile de ne pas gagner d’une manière très-sensible en trois ou quatre ans. Dans le cours de ses voyages, il acquiert, en général, la connaissance d’une ou de deux langues étrangères, connaissance pourtant qui est rarement suffisante pour le mettre en état