Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/447

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de les parler ou de les écrire correctement. À d’autres égards, il revient pour l’ordinaire plus suffisant, plus relâché dans ses mœurs, plus dissipé et moins capable d’aucune application sérieuse, ou pour l’étude ou pour les affaires, qu’il ne pourrait vraisemblablement l’être jamais devenu dans un si court espace de temps, s’il fût resté chez lui. En voyageant de si bonne heure, en perdant dans la dissipation la plus frivole les plus précieuses années de sa vie, éloigné de l’inspection et de la censure de ses parents et de sa famille, toutes les bonnes habitudes que les premières parties de son éducation auraient pu tendre à lui donner, au lieu d’être inculquées et fortifiées, s’affaiblissent et s’effacent presque nécessairement. Il n’y avait que le décri dans lequel les universités se sont laissées tomber d’elles-mêmes, qui fût capable de mettre en vogue une pratique aussi absurde que celle de voyager dans un âge si jeune. Un père, en envoyant son fils dans les pays étrangers, se délivre, au moins pour quelque temps, d’un objet aussi fatigant que celui d’un fils désœuvré, négligé, et qui se perd sous ses yeux.

Tels ont été les effets de quelques-unes des institutions modernes pour l’éducation de la jeunesse.

Des plans et des institutions différentes ont eu lieu, à ce qu’il semble, dans d’autres temps et chez d’autres nations.

Dans les républiques anciennes de la Grèce, tout citoyen libre était instruit, sous la direction du magistrat, dans les exercices gymnastiques et dans la musique. Les exercices gymnastiques avaient pour objet de lui fortifier le corps, de lui donner du courage, et de le préparer aux fatigues et aux dangers de la guerre ; et comme les milices grecques, d’après tous les témoignages, ont été les meilleures qui eussent jamais existé dans le monde, il faut bien que cette partie de leur éducation publique ait parfaitement rempli l’objet de son institution. L’autre partie, la musique, avait pour objet, au moins suivant ce que nous en disent les philosophes et les historiens qui nous ont rendu compte de ces institutions, d’humaniser l’âme, d’adoucir le caractère et de disposer l’élève à remplir tous les devoirs civils et moraux de la vie publique et de la vie privée.

Dans l’ancienne Rome, les exercices du Champ-de-Mars avaient le même objet que ceux du gymnase dans l’ancienne Grèce, et ils semblent avoir aussi bien atteint leur but. Mais chez les Romains, il n’y avait rien qui répondît à l’éducation musicale des Grecs. Cependant la morale des Romains, dans la vie publique comme dans la vie privée,