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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/458

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par l’État, parce que, s’il l’était en totalité ou même pour la plus grande partie, il pourrait bientôt prendre l’habitude de négliger son métier. En Écosse, l’établissement de pareilles écoles de paroisse a fait apprendre à lire à presque tout le commun du peuple, et même, à une très-grande partie, à écrire et à compter. En Angleterre, l’établissement des écoles de charité a produit un effet du même genre, mais non pas aussi généralement, parce que l’établissement n’est pas aussi universellement répandu. Si, dans ces petites écoles, les livres dans lesquels on enseigne à lire aux enfants étaient un peu plus instructifs qu’ils ne le sont pour l’ordinaire ; et si, au lieu de montrer aux enfants du peuple à balbutier quelques mots de latin, comme on fait quelquefois dans ces écoles, ce qui ne peut jamais leur être bon à rien, on leur enseignait les premiers éléments de la géométrie et de la mécanique, l’éducation littéraire de cette classe du peuple serait peut-être aussi complète qu’elle est susceptible de l’être. Il n’y a presque pas de métier ordinaire qui ne fournisse quelque occasion d’y faire l’application des principes de la géométrie et de la mécanique et qui, par conséquent, ne donnât lieu aux gens du peuple de s’exercer petit à petit et de se perfectionner dans ces principes qui sont l’introduction nécessaire aux sciences les plus sublimes, ainsi que les plus utiles.

L’État peut encourager l’acquisition de ces parties les plus essentielles de l’éducation, en donnant de petits prix ou quelques petites marques de distinction aux enfants du peuple qui y excelleraient.

L’État peut imposer à presque toute la masse du peuple l’obligation d’acquérir ces parties de l’éducation les plus essentielles, en obligeant chaque homme à subir un examen ou une épreuve sur ces articles avant de pouvoir obtenir la maîtrise dans une corporation, ou la permission d’exercer aucun métier ou commerce dans un village ou dans une ville incorporée.

C’est ainsi que les républiques grecques et la république romaine, en facilitant les moyens de se former aux exercices militaires et gymnastiques, en encourageant la pratique de ces exercices, et en imposant à tout le corps de la nation la nécessité de les apprendre, entretinrent les dispositions martiales de leurs citoyens respectifs. Elles facilitèrent les moyens de se former à ces exercices, en ouvrant un lieu public pour les apprendre et les pratiquer, et en accordant à certains maîtres le privilège de les enseigner dans ce lieu. Il ne paraît pas que ces maîtres aient eu d’autre traitement ni aucune autre espèce de privilège.