Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

digne de ses soins qu’elles ne fussent pas totalement dénuées d’instruction.

Toutefois, l’État ne retirera pas de médiocres avantages de l’instruction qu’elles auront reçue. Plus elles seront éclairées, et moins elles seront sujettes à se laisser égarer par la superstition et l’enthousiasme, qui sont chez les nations ignorantes les sources ordinaires des plus affreux désordres. D’ailleurs, un peuple instruit et intelligent est toujours plus décent dans sa conduite et mieux disposé à l’ordre, qu’un peuple ignorant et stupide. Chez celui-là, chaque individu a plus le sentiment de ce qu’il vaut et des égards qu’il a droit d’attendre de ses supérieurs légitimes, par conséquent il est plus disposé à les respecter. Le peuple est plus en état d’apprécier les plaintes intéressées des mécontents et des factieux ; il en est plus capable de voir clair au travers de leurs déclamations ; par cette raison, il est moins susceptible de se laisser entraîner dans quelque opposition indiscrète ou inutile contre les mesures du gouvernement. Dans des pays libres, où la tranquillité des gouvernants dépend extrêmement de l’opinion favorable que le peuple se forme de leur conduite, il est certainement de la dernière importance que le peuple ne soit pas disposé à en juger d’une manière capricieuse ou inconsidérée[1].


ARTICLE III.
Des dépenses qu’exigent les institutions pour l’instruction des personnes de tout âge.


Les institutions pour l’instruction des personnes de tout âge sont principalement celles qui ont pour objet l’instruction religieuse.

C’est un genre d’instruction dont l’objet est bien moins de rendre les hommes bons citoyens dans ce monde, que de les préparer pour un monde meilleur dans une vie future. Les maîtres qui enseignent la doctrine où est contenue cette instruction, de même que les autres maîtres, peuvent dépendre entièrement, pour leur subsistance, des contributions volontaires de leurs auditeurs, ou bien ils peuvent la tirer de quelque autre fonds auquel la loi de leur pays leur donne droit, tels qu’une propriété foncière, une dîme ou redevance territoriale, des gages ou appointements fixes. Leur activité, les efforts de leur zèle et de leurs

  1. Il suffit de lire ces belles pages de Smith pour apprécier le reproche d’indifférence sociale adressé à l’auteur par quelques prétendus économistes de nos jours. A. B.