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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/484

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les autres patrons laïques. Ce système de gouvernement ecclésiastique fut dès le commencement favorable à la paix et au bon ordre, ainsi qu’à la soumission envers l’autorité civile. Ainsi n’a-t-il jamais été l’occasion d’aucun trouble ou commotion civile dans aucun des pays où il a été une fois établi. L’Église d’Angleterre, en particulier, s’est toujours glorifiée avec raison de la loyauté irréprochable de ses principes[1]. Sous un pareil régime, ceux qui composent le clergé cherchent naturellement à gagner l’estime du souverain, de la cour, de la noblesse et des personnes distinguées du pays, par l’influence desquelles ils espèrent principalement obtenir de l’avancement. Ils font la cour à ces patrons, quelquefois sans doute par de basses flatteries et de viles complaisances, mais bien souvent aussi par la culture de ces arts qui attirent le plus l’attention des gens riches et distingués et sont, par conséquent, la voie la plus sûre d’acquérir leur estime, par des connaissances dans toutes les diverses branches utiles et agréables des sciences, par la noblesse et la décence de leurs manières, par la sociabilité de leur humeur et le bon ton de leur conversation ; enfin, par le mépris dont ils font profession pour ces austérités absurdes et hypocrites que les fanatiques prêchent et se piquent de pratiquer afin d’attirer sur eux la vénération du petit peuple, et de lui rendre odieux la plupart de ceux des classes supérieures qui se dispensent ouvertement de pareilles momeries. Cependant un tel clergé, en se rendant aussi agréable aux personnes du premier ordre de la société, est très-disposé à négliger totalement les moyens de conserver de l’influence et du crédit sur les dernières classes ; il sera écouté, estimé et respecté de ses supérieurs, mais devant ses inférieurs il sera souvent hors d’état de défendre avec succès et d’une manière convaincante pour un tel auditoire ses principes sages et modérés, contre le plus ignorant des enthousiastes qui jugera à propos de les attaquer.

Les partisans de Zwingle, ou pour mieux dire ceux de Calvin, donnèrent, au contraire, au peuple de chaque paroisse, dans tous les cas de vacance, le droit d’élire son propre pasteur, et établirent en même temps la plus parfaite égalité dans le clergé. Tant que la première partie de cette institution resta en vigueur, il paraît qu’elle n’a

  1. S’il est permis de juger d’une Église par ses œuvres, l’Église d’Angleterre est bien certainement la plus détestable institution humaine qui ait abusé du sentiment religieux, après l’inquisition d’Espagne. On pourrait la caractériser par trois mots : hypocrisie, bigoterie, cupidité. C’est la honte de l’Angleterre. A. B.