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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/517

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aucune tendance à diminuer la quantité de ce produit, elle ne peut en avoir à en faire hausser le prix ; elle n’entrave nullement l’industrie du peuple ; elle n’assujettit le propriétaire à aucun autre inconvénient qu’à l’inconvénient inévitable de payer l’impôt.

Cependant, l’avantage qu’a retiré le propriétaire de cette constance invariable dans l’élévation sur laquelle toutes les terres de la Grande-Bretagne sont imposées à la taxe foncière, doit être principalement attribué à des circonstances tout à fait étrangères à la nature de la taxe.

Cet avantage est dû en partie à la grande prospérité du pays, dans presque toutes ses parties, les rentes de presque tous les biens-fonds de la Grande-Bretagne ayant été continuellement en augmentant, et presque aucune d’elles n’ayant baissé depuis l’époque où l’évaluation a été faite pour la première fois. Ainsi, les propriétaires ont presque tous gagné la différence d’entre la taxe qu’ils auraient eue à payer d’après la rente actuelle de leurs terres, et celle qu’ils payent à présent d’après l’ancienne évaluation. Si l’état du pays eût été différent, et que les rentes eussent été insensiblement en baissant en conséquence d’un dépérissement dans la culture, les propriétaires auraient presque tous perdu cette même différence. Dans l’état de choses qui s’est trouvé avoir lieu depuis la révolution, la constance de l’évaluation a été avantageuse au propriétaire, et contraire à l’intérêt du Trésor public. Dans un état de choses différent, elle aurait été avantageuse au Trésor et contraire à l’intérêt du propriétaire.

Comme la taxe est payable en argent, de même l’évaluation de la terre est exprimée en argent. Depuis l’établissement de cette évaluation, la valeur de l’argent s’est maintenue d’une manière assez uniforme, et il n’y a eu aucune altération dans l’état de la monnaie, soit quant au poids, soit quant au titre. Si l’argent eût haussé considérablement de valeur, comme il parait avoir fait dans le cours des deux siècles qui ont précédé la découverte des mines de l’Amérique, la constance de l’évaluation se serait trouvée être fort dure pour le propriétaire. Si l’argent eût baissé considérablement de valeur, comme il a fait certainement pendant environ un siècle au moins après la découverte de ces mines, la même constance d’évaluation aurait extrêmement réduit cette branche du revenu du souverain. S’il avait été fait quelque changement considérable dans l’état des monnaies, soit en réduisant la même quantité d’argent à une dénomination plus basse, soit en l’élevant à une dénomina-