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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/523

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faire valoir par eux-mêmes. Néanmoins, tout ce surcroît de dépense pourrait être fort modique et fort au-dessous de celle qu’entraîne la perception de quantité d’autres impôts qui ne rendent qu’un revenu très-peu considérable en comparaison de celui qu’on pourrait espérer d’un impôt de ce genre.

L’objection la plus importante qui se présente, à ce qu’il semble, contre un impôt territorial aussi variable, c’est le découragement qu’il pourrait donner à l’amélioration des terres. Certainement, le propriétaire serait moins disposé à faire des améliorations quand le souverain, qui ne contribuerait en rien à la dépense, viendrait prendre part au profit de l’amélioration. On pourrait peut-être prévenir jusqu’à cette objection, en laissant au propriétaire, avant de commencer son amélioration, la faculté de faire constater, contradictoirement avec les officiers du revenu public, la valeur actuelle de sa terre, d’après l’évaluation arbitrale d’un certain nombre de propriétaires et de fermiers du canton, également choisis par les deux parties, et en le taxant, conformément à cette évaluation, pour tel nombre d’années qu’on pourrait juger capable de l’indemniser complètement. Un des principaux avantages qu’on se propose dans l’établissement d’un impôt de ce genre, c’est d’attirer l’attention du souverain vers l’amélioration des terres, par la considération de l’augmentation qui en résulterait pour son propre revenu[1]. Par conséquent, l’abonnement accordé au propriétaire à titre d’indemnité ne devrait guère être beaucoup plus long qu’il ne serait nécessaire pour remplir cet objet, de peur que, l’intérêt du souverain se trouvant à un trop grand éloignement, son attention ne vînt à en être découragée. Il vaudrait pourtant mieux que le terme de cet abonnement fût de quelque chose trop long, plutôt que d’être le moins du monde trop court. Le motif d’aiguillonner l’attention du souverain ne saurait compenser, dans aucun cas, le moindre découragement donné à celle du propriétaire. L’attention du souverain ne peut jamais aller tout au plus qu’à une considération très-vague et très-générale

  1. Il n’y a pas de raison pour que l’agriculture, plus qu’une autre industrie, demande les soins particuliers du souverain. Son amélioration appartient à une nombreuse classe d’individus, qui tous ont dans leurs affaires la même portion d’intelligence que les autres hommes dans les leurs ; et si, malgré leurs soins, l’agriculture ne prospère point, on ne gagnera probablement pas beaucoup à la confier à la surveillance insouciante et ignorante du gouvernement. Buchanan.