Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/524

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ce qui est le plus propre à contribuer à la meilleure culture de la majeure partie des terres de ses États. L’attention du propriétaire est une considération très-particulière et très-détaillée de tout ce qui est dans le cas de lui faire tirer le parti le plus avantageux de chaque pouce de terre dans son domaine. L’attention principale du gouvernement, ce doit être d’encourager, par tous les moyens qui sont en son pouvoir, l’attention tant du propriétaire que du fermier, en les laissant l’un et l’autre chercher leur intérêt à leur manière et selon leur propre jugement ; en donnant à l’un et à l’autre la plus parfaite sécurité de jouir dans toute sa plénitude du fruit de leur industrie, et en procurant à l’un et à l’autre le marché le plus étendu pour chaque partie de leur produit, au moyen de l’établissement des communications les plus sûres et les plus commodes, tant par eau que par terre, dans toute l’étendue de ses États, aussi bien que de la liberté d’exportation la plus illimitée aux États de tous les autres princes.

Si, au moyen d’un pareil système d’administration, un impôt de ce genre pouvait être ménagé de manière non-seulement à n’apporter aucun découragement à l’amélioration des terres, mais au contraire à lui donner quelque degré d’encouragement, il ne paraît pas qu’il soit dans le cas d’entraîner avec lui aucune espèce d’inconvénient pour le propriétaire, excepté toujours l’inconvénient qui est inévitable, celui d’être obligé de payer l’impôt.

Au milieu de toutes les variations qu’éprouverait la société dans les progrès ou dans le dépérissement de son agriculture, au milieu de toutes les variations qui surviendraient dans la valeur de l’argent, ainsi que de celles qui auraient lieu dans l’état des monnaies, un impôt de ce genre s’ajusterait aussitôt lui-même, et sans qu’il fût besoin d’aucune attention de la part du gouvernement, à la situation actuelle des choses ; et au milieu de tous ces différents changements, il se trouverait toujours constamment d’accord avec les principes de justice et d’égalité. Il serait donc beaucoup plus propre à être établi comme règlement perpétuel et inaltérable, ou comme ce qu’on appelle loi fondamentale de l’État, que tout autre impôt dont la perception serait à toujours réglée d’après une évaluation fixe[1].

  1. La proposition d’Adam Smith est bonne en théorie, mais un impôt foncier variable est toujours une source de vexations, et très-souvent d’oppression ; une pareille taxe nuira à l’amélioration de la culture, le propriétaire n’ayant pas le même intérêt à améliorer s’il est obligé d’admettre l’État au partage des bénéfices. Il n’est pas du tout nécessaire que l’État ait sa part dans les revenus du sol. Si le revenu public suffit à tous les besoins, pourquoi en chercher davantage, et pourquoi l’État, en conséquence, chercherait-il à se mêler des améliorations du commerce ou de l’agriculture du pays* ? Buchanan.

    *. On voit par cette note que le commentateur Buchanan appartient à l’école absolue, qui ne veut de l’intervention du gouvernement en aucune manière dans les affaires de l’industrie humaine. Il est inutile de réfuter une telle hérésie. L’influence des gouvernements est comme celle des saisons, bonne ou mauvaise, selon la prédominance variable des bons et des mauvais jours ; mais elle est incontestable. C'est l'affaire de la politique de veiller a ce que cette influence soit la meilleure possible dans l'intérêt général. A. B.