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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/542

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plus de fenêtres qu’une maison à Londres, de 500 livres de loyer ; et quoiqu’il y ait à parier que le locataire de la première soit beaucoup moins riche que celui de l’autre, cependant, en tant que sa contribution aux charges de l’État est réglée par la taxe des fenêtres, celui-là contribuera plus que le dernier. Ces impôts sont donc directement contraires à la première des quatre maximes que nous avons établies ci-dessus. Ils ne paraissent pas beaucoup choquer aucune des trois autres.

La tendance naturelle de la taxe des fenêtres et de tous les autres impôts sur les maisons est de faire baisser les loyers. Plus un homme paie pour l’impôt, moins il est évidemment en état de payer pour le loyer. Cependant, depuis l’établissement de la taxe des fenêtres, les loyers de maisons ont au total augmenté, plus ou moins, dans presque chaque ville ou village de la Grande-Bretagne que j’ai pu observer. Tel a été presque partout l’effet de la demande toujours croissante de logements, qu’elle a fait monter les loyers plus que la taxe des fenêtres n’a pu les faire baisser ; preuve à ajouter à tant d’autres de la grande prospérité du pays et de l’accroissement du revenu de ses habitants. Si ce n’eût été la taxe, les loyers auraient monté vraisemblablement encore plus haut.


ARTICLE II.
Impôts sur le profit ou sur le revenu provenant de capitaux[1].


Le revenu ou profit qui provient d’un capital se divise naturellement en deux portions : 1° celle qui paie l’intérêt et qui appartient au propriétaire du capital ; 2° celle qui excède ce qui est nécessaire pour le payement de l’intérêt.

Cette dernière portion du profit ne peut évidemment être directement imposée ; elle est la compensation, et le plus souvent elle n’est rien de plus qu’une compensation très-modérée des risques et de la peine d’employer le capital. Il faut que celui qui emploie le capital ait cette compensation, autrement il ne peut, sans nuire à ses intérêts, en continuer l’emploi. S’il était donc imposé directement à proportion du profit total qu’il retire, il serait obligé, ou d’élever le taux de son pro-

  1. Sur toutes les questions d’impôts, le lecteur consultera avec fruit les chap. viii et xvii des Principes de l’économie politique et de l’impôt, par David Ricardo, et le livre VI des Nouveaux principes d’économie politique, de M. de Sismondi. A. B.