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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/551

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Cependant, un impôt mis sur les profits des capitaux employés dans une branche particulière de commerce ne peut jamais tomber en définitive sur le marchand, parce qu’il faut que celui-ci trouve, dans tous les cas, le profit raisonnable de son commerce, et il ne peut guère avoir rien de plus que ce profit raisonnable, quand la concurrence est libre. Mais un tel impôt retombe toujours sur le consommateur, qui est obligé de payer (et en général avec encore une surcharge), dans le prix de la marchandise, l’impôt qui a été avancé par le marchand.

Quand un impôt de ce genre est proportionné au commerce que fait le marchand, il est payé, en définitive, par le consommateur, et ne pèse en aucune manière sur le marchand. Quand il n’est pas ainsi proportionné, mais qu’il est le même sur tous les marchands, alors, quoiqu’il soit payé aussi en définitive par le consommateur, néanmoins il favorise les gros marchands et pèse sur les petits. La taxe de 5 schellings par semaine sur chaque carrosse de place[1], et de 10 schellings par an sur chaque chaise à porteurs (sous le rapport de l’avance que sont obligés de faire ceux qui tiennent ces sortes de voitures) est un impôt assez exactement proportionné à l’étendue de leur commerce respectif. Cet impôt ne favorise pas le gros marchand, et ne pèse pas d’une manière oppressive sur le petit. La taxe de 20 sch. par an pour une permission de vendre de l’ale, de 40 sch. pour celle de vendre des liqueurs spiritueuses, et de 40 sch. de plus pour la permission de vendre du vin, étant la même pour tous les détaillants, doit nécessairement donner quelque avantage au gros marchand, et peser sur le petit d’une manière un peu oppressive. Le premier doit trouver plus de facilité à se rembourser de l’impôt dans le prix de sa marchandise, que n’en trouve le dernier. Toutefois, la modicité de cet impôt rend cette inégalité d’une moindre importance, et il y a peut-être bien des personnes qui trouvent assez à propos qu’on ôte un peu aux petits cabarets l’envie de se multiplier. La taxe sur les boutiques devait, selon le projet, être la même sur toutes les boutiques ; elle n’aurait pu guère exister autrement. Il aurait été impossible de proportionner, avec un degré passable d’exactitude, la taxe d’une boutique à l’étendue du commerce qui s’y faisait, à moins de pousser les recherches à un point qui aurait été absolument insupportable dans un pays fibre. Si la taxe avait été consi-

  1. La taxe sur les carrosses de place ou fiacres est de 10 sch. par semaine depuis 1784.