Aller au contenu

Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mier, le propriétaire, tous souffrent plus ou moins de cette culture dégradée. J’ai déjà eu occasion d’observer, dans le troisième livre de ces Recherches, que la taille personnelle tend, de mille manières différentes, à décourager la culture et, par conséquent, à tarir la principale source de richesses de tout grand pays.

Ce qu’on appelle capitation dans les provinces de la partie méridionale de l’Amérique septentrionale et dans les îles des Indes occidentales, et qui est un impôt annuel de tant par tête de nègre, est proprement un impôt sur les profits d’une certaine espèce de capital employé en agriculture. Comme les planteurs sont à la fois, pour la plupart, fermiers et propriétaires, le payement définitif de l’impôt tombe sur eux en leur qualité de propriétaires, sans aucune répétition.

Les impôts de tant par tête sur les serfs employés à la culture ont été, à ce qu’il semble, autrefois communs dans toute l’Europe. Il subsiste actuellement dans l’empire de Russie un impôt de ce genre[1]. C’est probablement pour cette raison que les capitations de toute espèce ont souvent été représentées comme des signes de servitude. Cependant tout impôt est, pour la personne qui paie, un signe de liberté et non pas de servitude. Il marque que cette personne est soumise, à la vérité, à un gouvernement, mais aussi qu’elle a quelque propriété, et ne peut être elle-même par conséquent la propriété d’un maître. Une capitation sur des esclaves est totalement différente d’une capitation sur les hommes libres ; la dernière se paie par les personnes mêmes sur lesquelles elle est imposée ; l’autre se paie par une classe de personnes différente de celle qui est imposée. La dernière est entièrement arbitraire ou entièrement inégale, et le plus souvent elle est à la fois l’une et l’autre ; la première, quoique inégale à quelques égards, des esclaves différents étant de valeur différente, n’est nullement arbitraire. Tout maître qui sait le nombre de ses esclaves sait d’une manière précise ce qu’il a à payer. Ces deux genres différents d’impôt, étant appelés du même nom, ont été regardés comme de même nature.

Les taxes qui sont imposées en Hollande sur les domestiques mâles et femelles, sont des impôts sur les dépenses et non pas sur les capitaux, et à cet égard elles ressemblent aux impôts établis sur les choses

  1. C’est celui qu’on nomme obroc. On peut consulter utilement, sur les effets de cet impôt, le chapitre vu des Nouveaux principes d’économie politique de M. de Sismondi, et le Cours de M. Storch. A. B.