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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/568

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et le prix moyen des denrées restaient les mêmes après l’impôt qu’auparavant. Dans tous les cas d’une telle supposition, la personne qui met immédiatement l’ouvrier en œuvre serait obligée d’avancer, non-seulement l’impôt, mais quelque chose de plus que l’impôt. Le payement définitif retomberait sur des personnes différentes, selon la différence des circonstances. La hausse que l’impôt occasionnerait dans les salaires du travail des ouvriers de manu­facture serait avancée par le maître manufacturier, qui serait à la fois dans la nécessité et dans le droit de la reporter, avec un profit, sur le prix de ses marchan­dises. Ainsi, le payement définitif de ce surhaussement de salaire, y compris le profit additionnel du maître manufacturier, retomberait sur le consommateur. L’élévation qu’un tel impôt occasionnerait dans les salaires du travail de la campagne serait avancée par le fermier, qui serait obligé alors d’employer un plus gros capital pour entretenir le même nombre d’ouvriers qu’auparavant. Pour se rembourser de ce capital plus élevé, ainsi que des profits ordinaires des capitaux, il serait nécessaire qu’il retînt par ses mains une plus forte portion du produit de la terre, ou, ce qui revient au même, le prix d’une plus forte portion et, par conséquent, qu’il rendît moins de fermage au proprié­taire. Ainsi, dans ce cas, le payement définitif de cette élévation de salaire, y compris le profit additionnel du fermier qui l’aurait avancé, retomberait sur le propriétaire.

Dans tous les cas, un impôt direct sur les salaires du travail doit nécessairement occasionner à la longue une plus forte diminution dans la rente de la terre, et en même temps une plus grande élévation dans le prix des objets manufacturés, que n’en aurait pu occasionner d’une part ni de l’autre une autre imposition d’une somme égale au produit de cet impôt, qui aurait été convenablement assise, partie sur le revenu de la terre et partie sur les objets de consommation.

Si les impôts directs sur les salaires du travail n’ont pas toujours occasionné dans ces salaires une hausse proportionnée, c’est parce qu’ils ont, en général, occasionné une baisse considérable dans la demande de travail. Le déclin de l’industrie, la dimi­nution des moyens d’occupation pour le pauvre, et le décroissement du produit annuel des terres et du travail du pays, sont en général les effets qu’ont amenés de pareils impôts. Cependant, par une suite de ces impôts, le prix du travail doit toujours être plus haut qu’il ne l’eût été sans eux, dans l’état actuel de la demande ; et cette éléva­tion de prix, y joignant le profit de ceux