Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/581

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quent, les salaires du travail, ils rapportent en outre au gouvernement un revenu considérable qu’il ne pourrait pas aisément trouver de toute autre manière. Il peut donc y avoir de bonnes raisons pour les continuer. La prime à l’exportation des grains, en tant qu’elle tend, dans l’état actuel du labourage, à faire monter le prix de cet article de première nécessité, produit tous les mêmes mauvais effets, et au lieu de fournir aucun revenu au gouvernement, elle lui cause souvent une dépense énorme. Les gros droits sur l’importation des blés étrangers, qui, dans les années d’une abondance moyenne, équivalent à une prohibition ; et la prohibition absolue d’importer soit du bétail vivant, soit des viandes salées, prohibition qui a lieu dans l’état ordinaire de la loi, et qui à présent, à cause de la disette, se trouve suspendue pour un temps limité à l’égard de l’Irlande et de nos colonies, toutes ces institutions ont tous les mauvais effets des impôts établis sur les choses de première nécessité, et ne produisent aucun revenu au gouvernement. Il n’est pas besoin d’autre chose, à ce qu’il semble, pour faire révoquer de semblables règlements, que de bien convaincre le public de la futilité du système par suite duquel ils ont été établis.

Les impôts sur les choses de première nécessité sont beaucoup plus forts, dans un grand nombre d’autres pays, qu’ils ne le sont dans la Grande-Bretagne. Dans plusieurs pays, il y a des droits à payer sur la farine et la fleur de farine quand on moud le blé au moulin, et sur le pain quand on le cuit au four. En Hollande, le prix en argent du pain qui se consomme dans les villes est, à ce qu’on croit, doublé par des impôts de ce genre. À la place d’une partie de ces impôts, les gens qui vivent à la campagne payent tant par tête chaque année, selon l’espèce de pain qu’ils sont censés consommer. Ceux qui mangent du pain de froment payent 3 florins 15 stivers, environ 6 sch. 9 deniers 1/2. On dit que ces impôts et quelques autres du même genre, en faisant monter le prix du travail, ont ruiné la plupart des manufactures de Hollande[1]. Des impôts semblables, quoique pas tout à fait aussi lourds, existent dans le Milanais, dans les États de Gênes, dans le duché de Modène, dans les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla, et dans l’État de l’Église. Un auteur français[2] de quelque réputation a proposé de réformer les

  1. Voyez Mémoire concernant les droits, etc., pages 210 et 211.
  2. Le Réformateur, par Cliquot de Blervache, inspecteur-général du commerce, Amsterdam, 1756