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dans de grandes et riches maisons de province, où l’on reçoit beaucoup de monde, les boissons faites de drêche qui se consomment entre les membres de la famille, ne forment qu’une très-petite partie de ce qui s’en boit dans la maison. Cependant, soit à cause de l’abonnement qu’il faut payer, soit pour d’autres raisons, il n’est pas, à beaucoup près, aussi ordinaire de faire chez soi de la drêche pour son usage, que d’y brasser de la bière. Il est difficile d’imaginer aucune bonne raison pour que ceux qui brassent ou qui distillent pour leur usage particulier ne soient pas assujettis à payer un abonnement de la même espèce.

On a dit souvent qu’au lieu de tous ces gros droits imposés sur la drêche, sur la bière et sur l’ale, on pourrait procurer un plus gros revenu à l’État par un droit bien plus léger imposé sur la drêche, attendu que les occasions de frauder sont bien plus aisées et plus fréquentes dans une brasserie que dans une fabrique de drêches, et attendu que ceux qui brassent pour leur usage particulier sont exempts de payer soit des droits, soit un abonnement pour les droits ; ce qui n’a pas lieu à l’égard de ceux qui font de la drêche pour leur usage particulier.

Dans la brasserie de porter à Londres, un quarter de drêche est ordinairement brassé en plus de deux barils et demi de porter, quelquefois en trois. Les différents impôts sur la drêche montent à 6 sch. par quarter[1] ; ceux sur la bière forte et l’ale à 8 sch. par baril[2]. Ainsi, dans une brasserie de porter, les différents impôts sur la drêche, la bière et l’ale vont de 26 à 30 sch. sur le produit d’un quarter de drêche. Dans les brasseries pour le débit ordinaire des provinces, un quarter de drêche n’est guère brassé en moins de deux barils de bière forte et un baril de petite bière ; souvent il l’est en deux barils et demi de bière forte. Les différents impôts sur la petite bière montent à 1 sch. 4 pence par baril[3]. Ainsi, dans les brasseries de province, les différents impôts sur la drêche, la bière et l’ale ne vont guère à moins de 23 sch. 4 den., et souvent ils vont à 26 sch. sur le produit d’un quarter de drêche. Par conséquent, en faisant une évaluation moyenne pour tout le royaume, le montant total des droits sur la drêche, la bière et l’ale ne peut être estimé à moins de 24 ou 25 sch. sur le produit d’un quarter de drêche. Or, en supprimant tous les différents droits sur la bière et sur l’ale, et

  1. Il est à 6 sch. 6 d. par quarter de huit boisseaux.
  2. Voyez la note de la page précédente.
  3. A été augmenté de 2 den. par boisseau en 1790.