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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/615

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le produit de l’impôt ; ou bien ces impôts peuvent être affermés moyennant un prix fixe annuel, le fermier ayant la liberté de nommer ses employés, lesquels, bien qu’obligés de percevoir l’impôt selon les formes prescrites par la loi, sont néanmoins sous son inspection immédiate et sont immédiatement responsables envers lui.

La manière la plus avantageuse et la plus économique de percevoir un impôt ne peut jamais être de l’affermer. Outre ce qui est nécessaire pour payer le prix du bail, les salaires des employés et tous les frais d’administration, il faut toujours que le fermier retire encore du produit de l’impôt un certain profit tout au moins proportionné aux avances qu’il fait, aux risques qu’il court, à la peine qu’il se donne, ainsi qu’aux connaissances et à l’habileté qu’exige la conduite d’une affaire aussi fortement compliquée et d’un si grand intérêt. Le gouvernement, en établissant immédiatement et sous sa propre inspection une régie de la même espèce que celle qu’établit le fermier, pourrait au moins économiser ce profit qui est presque toujours exorbitant. Pour prendre à ferme une branche considérable du revenu public, il faut un grand capital et un grand crédit, circonstances qui seules seraient suffisantes pour restreindre la concurrence des entrepreneurs à un extrêmement petit nombre de personnes. Dans le petit nombre de personnes qui ont ce capital et ce crédit, un bien plus petit nombre encore a les connaissances et l’expérience nécessaires, autre circonstance qui resserre davantage la concurrence. Ce nombre si petit de personnes entre lesquelles est ainsi limitée la concurrence, trouve qu’il est bien plus de leur intérêt de se concerter ensemble, d’être coassociés au lieu d’être rivaux, et quand la ferme est mise aux enchères, de ne faire d’offres que fort au-dessous de la valeur réelle du bail. Dans les pays où les revenus de l’État sont affermés, les fermiers sont, en général, les hommes les plus opulents ; leurs richesses seules suffiraient pour exciter l’indignation publique, et la sotte vanité qui accompagne presque toujours ces fortunes subites, la ridicule ostentation avec laquelle ils étalent pour l’ordinaire leur opulence, allument encore davantage cette indignation.

Le fermier du revenu public ne trouve jamais trop de rigueur dans les lois destinées à punir toute tentative faite pour échapper au payement de l’impôt. Il n’a pas d’entrailles pour des contribuables qui ne sont pas ses sujets, et qui pourraient tous faire banqueroute le lendemain de l’expiration du bail, sans que son intérêt en souffrît le moins du monde. Dans les moments où l’État a les plus grands besoins, et où