Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/648

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pourrait peut-être économiser aujourd’hui un million par an sur le revenu, pour servir à la liquidation de la dette. Aussi a-t-on remboursé un autre million dans le cours de l’année dernière ; mais en même temps il y a une énorme dette de la liste civile qui reste sans être payée, et nous voici maintenant enveloppés dans une nouvelle guerre qui peut bien, dans ses progrès, devenir tout aussi dispendieuse qu’aucune de nos guerres précédentes[1]. Vraisemblablement la nouvelle dette qui va se trouver contractée avant la fin de la campagne prochaine égalera, à peu de chose près, tout ce qui a été remboursé de l’ancienne avec les économies faites sur le revenu ordinaire de l’État. Ce serait donc une pure chimère que de s’attendre à voir jamais la dette publique complètement acquittée par le moyen d’épargnes, quelles qu’elles fussent, sur le revenu ordinaire tel qu’il subsiste à présent.

Il y a un auteur[2] qui a représenté les fonds publics des différentes nations endettées de l’Europe, et spécialement ceux de l’Angleterre, comme l’accumulation d’un grand capital ajouté aux autres capitaux du pays, au moyen duquel son commerce a acquis une nouvelle extension, ses manufactures se sont multipliées, et ses terres ont été cultivées et améliorées beaucoup au-delà de ce qu’elles l’eussent été au moyen de ses autres capitaux seulement.

Cet auteur ne fait pas attention que le capital avancé au gouvernement par les premiers créanciers de l’État était, au moment où ils ont fait cette avance, une portion du produit annuel, qui a été détournée de faire fonction de capital pour être employée à faire fonction de revenu, qui a été enlevée à l’entretien des ouvriers productifs pour servir à l’entretien de salariés non productifs, et pour être dépensée et dissipée dans le cours, en général, d’une seule année, sans laisser même l’espoir d’aucune reproduction future. À la vérité, en retour du capital par eux avancé, ils ont obtenu une annuité dans les fonds publics, qui le plus souvent valait au moins autant. Sans contredit, cette annuité leur a remplacé leur capital, et les a mis en état de faire aller leur commerce et leurs affaires avec tout

  1. La guerre d’Amérique. Elle a été beaucoup plus coûteuse encore qu’aucune des guerres précédentes ; elle nous a valu une dette de plus de cent millions. Pendant une paix de onze ans, on a à peine payé dix millions, et pendant une guerre de sept ans, on a contracté plus de cent millions de dettes nouvelles. (Note de l’auteur.)
  2. Pinto, Traité de la Circulation et du Crédit.