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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/649

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autant et peut-être plus d’étendue qu’auparavant, c’est-à-dire qu’ils se sont trouvés à même d’emprunter à des tiers un nouveau capital sur le crédit de cette annuité, ou bien, en la vendant, de retirer de quelque tierce personne un autre capital à elle appartenant, égal ou supérieur à celui qu’ils avaient avancé au gouvernement. Mais ce nouveau capital qu’ils ont ainsi acheté ou emprunté de tierces personnes, il fallait bien qu’il existât dans le pays auparavant, et qu’il y fût déjà employé, comme le sont tous les capitaux, à entretenir du travail productif. Quand ce capital est venu à passer dans les mains de ceux qui avaient avancé leur argent au gouvernement, s’il était pour eux, à certains égards, un nouveau capital, il n’en était pas un nouveau pour le pays ; ce n’était autre chose qu’un capital retiré de certains emplois particuliers pour être tourné vers d’autres. Bien qu’il remplaçât pour eux ce qu’ils avaient avancé au gouvernement, il ne le remplaçait pas pour le pays. S’ils n’eussent point fourni leur capital au gouvernement, il y aurait eu alors dans le pays deux capitaux au lieu d’un, deux portions du produit annuel au lieu d’une, employées à entretenir du travail productif.

Lorsque pour couvrir la dépense du gouvernement on lève un revenu, dans le cours de l’année, avec le produit de quelque impôt libre et non déjà hypothéqué, il n’y a alors qu’une certaine portion du revenu des particuliers qui soit ôtée à l’entretien d’une espèce de travail non productif, pour aller à l’entretien d’une autre espèce de travail du même genre. Il y aurait eu sans doute quelque portion de ce que ces particuliers payent pour ces impôts, qui aurait été accumulée par eux en capital, et qui aurait, par conséquent, servi à entretenir du travail productif ; mais la plus grande partie aurait été dépensée et, par conséquent, employée à entretenir du travail non productif. Sans doute, quand la dépense publique est défrayée de cette manière, elle empêche plus ou moins qu’il ne se fasse des accumulations de nouveaux capitaux, mais au moins elle n’entraîne pas nécessairement la destruction de quelque capital actuellement existant.

Lorsque la dépense publique est défrayée par des créations de fonds, alors elle est défrayée par la destruction annuelle de quelque capital qui avait existé auparavant dans le pays, par le détournement de quelque portion du produit annuel qui était auparavant destinée à entretenir du travail productif, et qui va à l’entretien du travail non productif. Néanmoins, comme dans ce cas les impôts sont plus légers qu’ils ne l’eus-