Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/76

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Londres, où ils sont déposés dans des magasins, à charge d’être réexportés. Il y a de plus forts droits sur les vins de France que sur ceux de Portugal, ou même de tout autre pays. Par ce qu’on appelle l’impôt de 1692[1], il a été établi un droit de 25 pour 100 de la valeur ou du prix au tarif sur toutes les marchandises de France, tandis que les marchandises des autres nations ont été, pour la plupart, assujetties à des droits beaucoup plus légers, qui rarement excèdent 5 pour 100. À la vérité, les vins, eaux-de-vie, sels et vinaigres de France ont été exceptés, ces denrées étant assujetties à d’autres droits très-lourds, soit par d’autres lois, soit par des clauses particulières de cette même loi. En 1696, ce premier droit de 25 pour 100 n’ayant pas été jugé un découragement suffisant, on en imposa un second, aussi de 25 pour 100, sur toutes les marchandises françaises, excepté sur les eaux-de-vie ; et en même temps, un nouveau droit de 25 livres par tonneau[2] de vin de France, et un autre de 15 livres par tonneau de vinaigre de France ; les marchandises de France n’ont été omises dans aucun de ces subsides généraux ou droits de 5 pour 100, qui ont été imposés sur toutes ou sur la plus grande partie des marchandises énoncées et détaillées dans le livre des tarifs. Si nous comptons le tiers et les deux tiers de subside comme faisant entre eux un subside entier, il y a eu cinq de ces subsides généraux ; de manière qu’avant le commencement de la guerre actuelle, on peut regarder 75 pour 100 comme le moindre droit auquel fussent assujetties la plupart des marchandises fabriquées ou produites en France. Or, sur la plupart des marchandises, de tels droits sont équivalents à une prohibition. Les Français, de leur côté, ont, à ce que je crois, maltraité tout autant nos denrées et nos manufactures, quoique je ne sois pas également au fait de toutes les charges et gênes qu’ils leur ont imposées. Ces entraves réciproques ont à peu près anéanti tout commerce loyal entre les deux nations, et c’est maintenant par les contrebandiers que se fait principalement l’importation des marchandises anglaises en France, ou des marchandises françaises en Angleterre. Les principes que j’ai examinés dans le chapitre précédent ont leur source dans l’in-

  1. Tous les impôts, tant directs qu’indirects, se nomment taxes en Angleterre ; cependant on emploie quelquefois le mot impôt pour désigner particulièrement un droit sur l’importation d’une denrée étrangère.
  2. Le tonneau contient quatre muids ou huit barils anglais.