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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/81

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pense est défrayée par le gouvernement, et si vous portez à la Monnaie une livre pesant d’argent au titre, vous en retirez 62 schellings, contenant une pareille livre d’argent au titre. En France, on retient pour le monnayage un droit de 8 pour 100[1], qui non-seulement défraye la dépense de fabrication, mais qui rapporte encore un petit revenu au gouvernement[2]. En Angleterre, comme le monnayage ne coûte rien, la monnaie courante ne peut jamais avoir beaucoup plus de valeur que la quantité de métal qu’elle se trouve contenir pour le moment. En France, comme on paye pour la fabrication, elle ajoute à la valeur de la monnaie, comme la façon ajoute à celle de la vaisselle. Par conséquent, une somme de monnaie française, contenant un poids quelconque d’argent fin, a plus de valeur qu’une somme de monnaie anglaise contenant un pareil poids d’argent fin, et il faut plus de métal ou plus de toute autre marchandise pour acheter la première somme. Ainsi, quand même la monnaie courante de chacun de ces deux pays se trouverait approcher également de son poids de fabrication respectif, une somme de monnaie anglaise ne pourrait guère acheter une somme de monnaie française, contenant le même nombre d’onces d’argent fin, ni, par conséquent, une lettre de change sur France de pareille somme. Si la somme payée en sus pour acheter cette lettre de change n’était tout juste que ce qu’il faut pour compenser les frais de fabrication de la monnaie française, alors il se pourrait que le change réel fût au pair entre les deux nations, que leurs créances et leurs dettes respectives se balançassent mutuellement les unes par les autres, tandis que le change au cours de la place paraîtrait être considérablement en faveur de la France. Si la somme payée en sus était moindre que l’équivalent de cette compensation, le change réel pourrait être en faveur de l’Angleterre, quoique le cours parût être en faveur de la France.

Troisièmement enfin, sur certaines places, telles que Amsterdam, Hambourg, Venise, etc., les lettres de change étrangères se payent en ce qu’on appelle argent de banque, tandis que sur d’autres places,

  1. L’auteur a été induit en erreur sur ce fait. (Note du traducteur.)
  2. En Angleterre il n’y a pas de droit de monnayage sur l’or ; mais depuis 1816 un droit de 6 pour 100 a été établi sur le monnayage de l’argent. En France le droit ne dépasse pas un tiers pour 100 sur l’or, et 1 1/2 pour 100 sur l’argent.
    Mac Culloch.