Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/92

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dant on croit à Amsterdam, comme à l’article de foi le mieux établi, que chaque florin qui circule comme argent de banque a son florin correspondant qu’on trouvera en tout temps en or ou argent dans le trésor de la banque ; c’est ce dont la ville est garante. La banque est sous la direction des quatre bourgmestres régnants, qui changent chaque année. À chacune de ces mutations, les quatre bourgmestres nouveaux entrant en fonctions visitent le trésor, le vérifient en le comparant avec les livres, le reçoivent sous serment, et le délivrent l’année suivante avec les mêmes solennités et les mêmes formes, aux quatre fonctionnaires qui leur succèdent ; et chez cette nation sage et religieuse, les serments sont encore comptés pour quelque chose. Cette rotation continuelle d’administrateurs serait elle seule, à ce qu’il semble, une garantie suffisante contre toute manœuvre qui ne serait pas de nature à être avouée. Au milieu de toutes les révolutions que les diverses factions ont fait naître dans le gouvernement d’Amsterdam, en aucun temps on n’a vu le parti dominant accuser ses prédécesseurs d’infidélité dans l’administration de la banque. Aucun chef d’accusation n’eût été plus propre à porter au parti abattu des coups mortels pour son crédit et ses ressources, et s’il y avait eu moyen de soutenir un pareil grief, on peut être bien sûr qu’il aurait été mis en avant. En 1672, quand le roi de France était à Utrecht, la banque d’Amsterdam fit ses payements de manière à ne pas laisser de doute sur la fidélité avec laquelle elle avait respecté ses engagements. Quelques-unes des pièces qui furent alors retirées de ses coffres portaient encore l’empreinte du feu qui les avait attaquées lors de l’incendie arrivé à l’hôtel de ville peu de temps après l’établissement de la banque. Ainsi, ces pièces y étaient restées depuis cette époque.

Une question qui a longtemps exercé la curiosité des oisifs, c’est de savoir quel est le montant du trésor de la banque. On ne peut offrir là-dessus que de pures conjectures. En général, on compte qu’il y a environ deux mille personnes qui tiennent des comptes avec la banque, et en accordant que, l’une dans l’autre, elles aient en crédit sur leurs comptes respectifs 1500 livres sterling, ce qui est beaucoup, la totalité de l’argent de banque et, par conséquent, du trésor en caisse, s’élèverait à environ 3 millions sterling, ou à 33 millions de florins. Cette somme est considérable et suffisante pour soutenir une circulation très-étendue ; mais il y a bien loin de là aux idées folles que quelques personnes se sont faites de ce trésor.