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Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/98

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somme des capitaux de tous ses divers habitants, et la quantité d’industrie qu’on peut y entretenir annuellement est égale à ce qu’en peuvent entretenir tous ces différents capitaux ensemble. Ainsi, en général, un échange de ce genre doit augmenter à la fois et le capital du pays, et la somme d’industrie qu’on peut y entretenir annuellement. Il vaudrait mieux, à la vérité, pour le profit de l’Angleterre, qu’elle pût acheter les vins de France avec ses quincailleries ou avec ses draps, que de les acheter avec le tabac de Virginie ou avec l’or et l’argent du Brésil et du Pérou. Un commerce étranger de consommation qui est direct est toujours plus avantageux que celui qui se fait par circuit[1]. Mais un commerce étranger de consommation fait par circuit, par l’intermédiaire de l’or et de l’argent, ne parait pas être moins avantageux que tout autre commerce du même genre qui se fait par un égal circuit. Il n’y a pas plus à craindre qu’un pays qui n’a pas de mines vienne à s’épuiser d’or et d’argent par l’exportation annuelle qu’il fait de ses métaux, qu’il n’est à craindre qu’une pareille exportation annuelle de tabac n’épuise de cette plante un pays qui n’en produit pas. Si un pays qui a de quoi acheter du tabac n’a jamais grande peine à s’en procurer, de même celui qui a de quoi acheter de l’or et de l’argent n’attendra pas longtemps après ces métaux, sitôt qu’il voudra en avoir.

C’est dit-on, un commerce à perte que celui qu’un ouvrier fait avec le cabaret ; et le commerce qu’une nation manufacturière ferait naturellement avec un pays vignoble, peut être regardé comme un commerce du même genre. Je réponds à cela que le commerce qu’on fait avec le cabaret n’est pas nécessairement un commerce à perte ; il est, par sa nature, tout aussi avantageux que quelque autre commerce que ce soit, quoique peut-être un peu plus sujet à être porté jusqu’à l’abus. Le métier du brasseur, celui même du détaillant de liqueurs fermentées, sont des divisions de travail aussi nécessaires que toute autre. En général, l’ouvrier trouve plus de profit à acheter du brasseur la provision dont il a besoin, que de la faire par lui-même ; et si c’est un

  1. Il est plus avantageux aux consommateurs, parce que moins la distance d’où les marchandises sont amenées est grande, moins les frais de transport sont élevés, et, par conséquent, plus le prix est réduit ; mais, sous d’autres rapports, il est à peu près indifférent que nous trafiquions avec nos voisins les plus rapprochés, ou avec les peuples situés au bout du monde.
    Mac Culloch.