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intérêt feroit-il travailler, s’il n’attendoit de la vente des ouvrages qui sortiront des mains qu’il salarie, un produit supérieur au remplacement de son capital ? Et comment risqueroit-il de préférence des fonds considérables, s’il n’espéroit un bénéfice proportionné à l’étendue de ses avances ?

Et qu’on ne pense pas que ce qu’on appelle bénéfice des fonds ne soit, sous un nom différent, que le salaire du travail particulier, qui inspecte & dirige le travail général. N’étant pas de la même nature, ce bénéfice se règle sur d’autres principes, & n’a aucune proportion avec la difficulté & l’adresse d’inspecter & de diriger. C’est la valeur, c’est l’étendue des fonds hasardés, qui sert de règle & détermine la proportion. Supposons qu’en un lieu particulier, où les fonds d’une manufacture s’élèvent annuellement à dix pour cent de bénéfice, on forme deux établissemens, qui l’un & l’autre occupent vingt ouvriers par jour. Supposons encore que chacun de ces ouvriers gagne annuellement quinze livres sterlings, ce qui porteroit l’ensemble du salaire de tous à la somme de trois cents livres. Supposons enfin que l’une des manufactures, travaillant des matières communes,