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alimens ; les vieux habits qu’un autre lui abandonne, il les échange, tantôt contre d’autres vieux habits qui sont mieux à sa convenance, tantôt contre le logement, sa nourriture & même contre de l’argent, dont il achète, ou ses alimens, ou ses habits, ou son logement, selon la nature de ses besoins.

Comme c’est par traité, par échange & par achat que nous obtenons des autres la plus grande partie de ces bons offices mutuels dont nous sentons le besoin, c’est donc à ce penchant de l’homme pour les trocs & les échanges que remonte l’origine de la division du travail. Par exemple, dans une horde de chasseurs ou de bergers, se trouve-t-il un individu qui fasse les arcs & les flèches avec plus de promptitude & de dextérité que les autres ? Souvent il les échange contre le bétail ou le gibier dont ses compagnons sont pourvus ; & il se trouve enfin mieux fourni de gibier & de bétail qu’il ne le seroit en vivant au, milieu des troupeaux & dans les fatigues de la chasse. Ainsi, par amour pour ses intérêts, il se fait une occupation principale du travail des arcs & des flèches ; & déjà ce sauvage est une espèce d’armurier. Un