Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
LA CORVÉE

prenant la montée, et que les frères et les sœurs des deux parvenus, qui viennent de passer sans broncher, sont à terre de rire. Un cri n’attend pas l’autre. « Parlez nous d’un charretier »… « C’est de la faute de ma pouliche, » rétorque à tue-tête Baptiste qui se débat dans la neige. Mais l’on coupe court à toutes les petits malices… on aide les deux malheureux à se relever et l’on entre à la maison ; et Luce en secouant sa blouse de fourrures songe à l’aventure qui n’en restera pas là.

Au-dedans, la courvée va commencer. On a choisi la cuisine pour la besogne ; cinq petites tables, autour de chacune desquelles peuvent se ranger quatre personnes, ont été disposées près de la grande et sur le poêle, dans le plat à vaisselle, l’eau boue. Les lampes ont été toutes allumées : il y en a sur la tablette ordinaire… il y en a sur la corniche du poêle de cuisine… il y en a sur le bureau des chaudrons… il y en a jusqu’à côté de l’horloge, et ça ressemble plutôt aux préparatifs d’une noce.

Mais comment ça se plume des oies ? Regardez : la mère en prend deux, les plonge dans l’eau bouillante et vous les distribue, puis recommence. Et vous, vous êtes installé sur le coin d’une table avec votre compagnée et vous vous mettez immédiatement à arracher les plumes ; les plus habiles com-