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LA CORVÉE

« Voyons les enfants, levez-vous, nous allons brayer notre lin. » Les enfants qui n’en étaient pas, furent grèyês dans le temps de le dire, et chacun reçut sa petite besogne : « Alfred ce sera toi qui feras l’invitatoire » — soit dit en passant, chez nous, l’invitatoire se faisait à la barre du jour. Il s’agissait de rien moins qu’à courir son monde pour la courvée. — « T’avertiras les brayeux du rang et tu piqueras à la Haute-Ville par le raccourci chez Pitre, car il nous faut le violonneux du Cotillon, et José, le meilleur brayeux, une belle lurette »… Mon père parut se recueillir… « N’oublie pas la Chauffeuse. » Oui, elle sera de la courvée. Pauvre vieille, toujours alerte ! Ben sûr, le brayage du lin va défuntiser avant la Chauffeuse

En un tour de main, la Fine fut attelée. Vous ne savez pas, vous autres, mais rapport à la froidure de la nuit, la veille au soir, on avait été cri la pauvre bête au bout de la terre, dans la cédrière. Et en avant la Fine ! amain tant qu’on voulait, avec ça, pas ombrageuse la moindre miette. En avant la Fine ! c’est pour la courvée du père François.