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LE BRAYAGE DU LIN

Et vous y serez vous les Landry, les Raymond, les Gauvin et les Lévesque ; vous y serez aussi le violonneux du Cotillon, et vous aussi José. Drès huit heures, le grand frère s’en revenait déjà dans la route de l’Embarras avec la Chauffeuse de la Haute-Ville. Il en était tout fier. Ecoutez donc : la Chauffeuse passait pour être sorcière un brin, et la légende, une légende mystérieuse et télescopique avait poussé avec la neige de ses cheveux.

Mais où donc était sise la brairie ?… Les petits doigts froidileux des enfants d’école se montraient une fumée bleuâtre qui s’élevait sur le dépent du Coteau de Pins. On leur avait dit à ces bonshommes de dix ans, n’y allez pas c’est la fournaise au diable. Il n’en était rien pour la raison bien simple que c’était là la brayerie de l’Embarras. Et le ruisselet qui, selon leur dire, s’en allait comme un petit fou vers l’abîme, oui, c’était lui-même qui léchait le foyer de la brairie…

On y allait par le chemin du grand Michel, au sorouêt de ses bâtiments. À peine sept ou huit pagers, sous de hautes épinettes grises, le temps de longer la grosse Roche et on se trouvait dans l’enfoncement du Coteau. Ah ! le joli spectacle ! C’était là l’arène où les brayeux luttaient d’agilité et d’empressement. Et dans l’arène, de la mousse sur les