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LA CORVÉE

de leurs convictions ajoutaient de l’éclat à la beauté de ces aïeules lointaines. Ils se font plus tendres, plus recueillis, pour décrire la tâche des berceaux, toute la corvée de ces humbles tâcheronnes de la vie

Isal écoute le chant de sa race, remueuse de bers, et elle pense pieusement à tous ces visages de ses morts qui se sont inclinés sur l’enfance. Elle pense que, si elle mourait maintenant, elle n’aurait jamais de repos dans sa tombe parce qu’elle n’aurait pas vécu, elle n’aurait pas été utile d’abord. Elle évoque une boucle brune, une robe blanche, un joujou léger. Elle reste plongée dans l’ivresse de sa force, ivresse non raisonnée qui vient peut-être bien de se sentir l’âme de sa génération en cet instant un peu passionné, et de vouloir apporter sa plénitude, son élan. Ses doigts s’exercent au geste inconnu de bercer. Sans comprendre, elle espère… Elle voudrait dire son ardent désir, mais elle hésite… Elle essaye de savoir si de lui-même son beau petit enfant va pouvoir le deviner. Depuis longtemps, elle avait commencé à rêver à lui… Oh ! D’abord elle rêvait très timidement, très lointainement, d’écouter son premier souffle de vie, de le baiser au front de toute sa jeunesse, en songeant qu’elle baiserait