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LA CHANSON DU BER

aussi sur lui le paradis, les fleurs, un peu de son sang… Si longtemps il a dormi dans son âme ! Maintenant, elle le bénit, car il est la signature de sa foi, de sa race et de son rêve. Sa joie est si belle et si profonde qu’elle ne l’embrasse pas encore tout entière. Devant ce ber de ses aïeux, celui de son fils aussi, devant ce ber du « chez nous » que rien ne banalise, devant « lui » qui est arrivé à la vie, Isal voudrait dire l’indicible émoi de sentir qu’elle renaît et retrouve en lui son être plus jeune. Son immortalité de la terre est en lui.

Oh ! Il lui sourit : il reconnaît sa mère. Elle avait tant besoin de sa clarté rassurante ! Déjà, les yeux maternels s’éclairent des joies futures, car il est sa raison d’espérer. Entre eux deux, elle ne craint rien. Il peut fouiller son regard ; il n’y lira pas l’angoissante question : Pourquoi faut-il créer au péril de ses jours ? Il peut regarder l’attitude de sa vie penchée sur la sienne. Est-ce qu’elle tremble ? A-t-elle peur de la lutte à venir ? Non, il y a désormais de l’éternité sur leur affection. Il lui tend les bras ; elle le presse sur son cœur ; ils se dotent de leur tendresse. Le besoin de protec-