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LA CORVÉE

tion inspire le mouvement ingénu de ces menottes roses ; la pitié fléchit ce cou de mère : humble adoration qui se traduit dans un geste silencieux !

Isal berce ce petit être sur ses genoux comme sa mère l’a bercée. Elle l’endort aux chants qui ont endormi son enfance : « En roulant ma boule »… « À la claire fontaine »… Elle s’attarde à une chanson préférée : « C’est la poulette bleue » Elle baise les paupières closes… elle tire les rideaux… elle allume la veilleuse… La couverte de laine du pays fait chaud aux membres du petit ange et l’invite aux songes d’or : le Saint-Laurent lui verse ses eaux changeantes ; les érables lui prêtent leur dentelle multicolore… Notre-Dame de Bonsecours veille sur sa barque frêle…

Quand il a été sage, elle lui dit des contes tragiques comme le « Petit Poucet » ou mélancoliques comme « Le Prince changé en mouton blanc ». Il applaudit aux légendes : « Le masque de tire », « La chasse-galerie ». Les feux-follets lui donnent des peurs. Alors, elle fait briller à son imagination des étoiles d’or, des fleurs merveilleuses, un petit Jésus qui lui prête sa couronne de lumière. Il est le plus chéri des êtres, elle est la mère la plus heureuse… Oh ! Si elle ne l’avait pas, son cher bien-aimé !…