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LA CHANSON DU BER

s’approprier la beauté de ta race et de ta terre. Vis en ton pays. N’en laisse pas la direction absolue aux hommes qui représentent le peuple. Essaye de persuader ce dernier qu’il ne doit pas être le jouet du caprice ou de la cupidité du parti, mais qu’il doit appuyer les esprits sincères et destituer ceux qui sont indignes de sa confiance.

« Partout, continue Isal, je te suivrai avec une inexprimable tendresse, en songeant que, lorsque tu étais petit, j’entrevoyais le ciel, grâce à toi, et que, maintenant, quand je suis meilleure, c’est pour toi. Je ne te dis pas des mots fous d’avenir éclatant, de bonheur sans mélange. Je te parle avec ma sincérité et ma douceur… Maintenant, je ne pense plus rien, sinon que je t’aime de toute l’humilité de mon amour… Vite… la vie t’attend ; fais-en la rude traversée. Aime Dieu, va ton chemin ! Tu as confiance, dis ?…

“Mais tu ne me réponds guère… Ah ! aucune parole n’ajouterait à ton silence… Et ta vie ? Nous l’avons toute parcourue aujourd’hui… Et ma tâche, ma corvée ? La brunante qui vient l’a toute noyée…

« Hélas ! C’est pourtant vrai que tu dors aux limbes de mon rêve qui sera peut-être bien ton seul ber, ton seul songe, ta seule vie. Mais, étant venu