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LA CORVÉE

Richelieu, chuchotaient sur la grève ; au-dessus de la route, le bourdonnement, harmonieux comme une note de harpe d’abeilles tardives, appesanties par un lourd butin, volant bas vers la ruche, à la faveur des feux mourants d’un soleil de juillet.

Lui comparait inconsciemment ces réconfortantes senteurs du soir avec les émanations fétides des cités américaines, aux relents de graisse et d’huile des « factoreries », aux fumées nauséabondes des cheminées d’usines. Jamais la campagne canadienne ne lui avait paru à ce point si belle, noble et attirante avec sa population sympathique, ses mœurs familiales, ses généreux flamboiements de lumière, ses eaux miroitantes du sein desquelles sautaient mille poissons variés à la poursuite des moustiques ; ses parfums de foin coupé apportés par la brise du large mêlé à celui plus délicat des pensées, des roses et des géraniums épanouis à la devanture de chaque demeure. Cette Guertie Perkins, la fille du contre-maître de là-bas, qui avait entretenu son cœur jusqu’ici, se montrait égoïste, froide et hautaine à côté de la blonde Léontine si rieuse, si cordiale, si vigilante aux soins du foyer ! ! !

Des épis de blé et d’avoine mûrissant le long de la route s’élevaient des voix lui soufflant à