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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

apportèrent aux hommes la collation de rigueur, sans quoi une courvée ne saurait être une courvée. Du gros pain de ménage bien appétissant, des concombres, des framboises toutes fraîches cueillies, du fromage et du lait. Réunie sous le plus gros arbre, toute la bande fit largement honneur au festin ; puis, après que les plus entreprenants eurent fait quelques aguicheries aux créatures, l’on se remit au travail avec un renouveau de vigueur, d’autant plus qu’il restait encore près de la moitié de la fauchaison à faire et que le jour allait bientôt toucher à sa fin.

Comme il approchait de six heures, une petite brise commença à se lever, venant de l’ouest, du fin bout de l’horizon, où depuis un moment commençaient à monter de petits nuages floconneux qui ne disaient rien de bon. Si follette que fût cette brise, chacun s’en sentit ragaillardi, et Grimblot ayant entonné le chant bien connu :

V’là l'bon vent. V’là le joli vent.
V’là l'bon vent. Ma mie m’appelle.

le refrain fut repris en chœur, et la tâche, enfin, s’acheva en un dernier coup de collier où les plus robustes eurent beau jeu à montrer leur vaillance, devant leurs belles revenues voir se terminer la