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LA CORVÉE CHEZ BAPAUME

On commença un chapelet, mais on n’alla pas loin. Le bruit de râpe s’amincissait, devenait plus rare. Et voici que, soudain, on n’entendit plus rien. Comme on regardait du côté du lit, on vit que la bouche du mourant s’ouvrait de plus en plus, toute grande. Puis, avec un claquement sec, il la referma. Et ce fut tout. Plus rien ne bougea. Le temps de le dire, le visage de Bapaume fait de traits assez frustes, prit une beauté qu’on ne lui avait jamais vue.

Par la fenêtre, entrait toujours à plein le chant des criquets, auquel se joignait maintenant le concert des grenouilles, dans les hautes herbes bordant le Bassin. Tout là-bas, du côté de Rougemont, une lune démesurée émergeait, la pleine lune du temps de la fenaison, aux beaux tons de cuivre rouge que l’on sait.

Ah ! la belle nuit qu’aurait Bapaume, pour se rendre chez le Bon Dieu, rendre compte de sa courvée…

Sylva CLAPIN
(Jean-François)
Ottawa, novembre 1917.