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LA CORVÉE

Le curé prit place sur une énorme charge tirée par quatre chevaux blancs. Sur la pile de bois, en fortes majuscules, se lisaient, inscrits sur un coton, les mots suivants : « Les colons du Nord ». Les fouets claquèrent et au milieu des cris et des appels la caravane s’ébranla. Jacques Maillé, seul vieillard de toute la corvée, venait après le curé, menant sa jument noire qui, — la chose fut remarquée — n’avait pas de pompon ! Puis les gens de la Chapelle prirent la file conduits par Pierre Legault, le premier chantre de l’orgue, qui entonna à tue-tête :

« …C’est la belle Françoise ! »

Groupés par régions, les colons suivaient, assis sur la couverte à cheval pliée en quatre, bien serrés dans leurs capots d’étoffe par la ceinture fléchée, laissant pendre leurs jambes chaussées de gros bas à côtes et de souliers de peau. Longtemps les femmes suivirent des yeux la longue procession qui descendait vers Sainte-Thérèse, — énorme chenille noire cheminant lentement sur la plaine blanche.