Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
LA CORVÉE

et le Roi du Nord, aussi heureux qu’un triomphateur de Rome, recevait les applaudissements et les saluts et remerciait du fouet. Sur le Champ-de-Mars on s’arrêta, et le curé Labelle harangua le Maire et les échevins réunis pour recevoir la députation des colons du Nord. Derrière lui se pressaient ses chers grands enfants, et il plaida magnifiquement la cause de ces pionniers de la race qu’il ne faut pas abandonner, parce que dans leurs veines coule le plus pur sang de chez nous, à qui il faut fournir les moyens de communiquer avec leurs frères, pour qui enfin il veut que l’on construise le chemin de fer du Nord. Eux, les colons, n’oublient pas leurs frères malheureux, et dans la détresse où la fermeture prématurée de la navigation fluviale a jeté les pauvres de Montréal, le Curé Labelle est fier de présenter les deux cents traîneaux chargés du bois de la charité !

Ce fut un beau soir pour les miséreux ! Tous les colons reçurent un billet portant l’adresse d’une famille indigente et se dispersèrent au milieu des cris, des interpellations et du babil tintin abulant des grelots.

Jacques Maillé ne connaissait guère la ville, n’y étant venu qu’une seule fois dans sa vie. Aussi fit-il monter auprès de lui un gamin amené là par