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LA CORVÉE DE L’ÉRABLE

— Mais, répondit celle-ci qui ne s’expliquait pas bien

— Oui, vous n’en avez pas acheté, n’est-ce pas ? Je comprends, ajouta-t-il en jetant un regard triste autour de lui. Mais voilà ! Nous autres, les défricheurs du Nord, nous sommes pauvres aussi, mais nous ne manquons de rien dans le nécessaire et, moi pour un, j’ai voulu cette année que ceux qui sont moins heureux que moi, sachent, au jour de l’an… de quel bois se chauffe le père Jacques Maillé de la Rivière-à-Gagnon.

Et fier de son calembour le visage du vieux s’éclaira d’un bon sourire qui était comme une fleur oubliée par l’automne dans un jardin flétri.

Aux derniers mots, la femme, devenue toute pâle, avait fait un pas en avant, et elle ouvrait la bouche quand la porte livra passage à un homme grand et maigre dont les yeux cernés brillaient sous les sourcils noirs. Le paletot râpé, les mauvaises chaussures, le chapeau fatigué le désignaient bien comme le maître de ce taudis.

En reconnaissant le nouvel arrivant, — comment ne l’aurai t-il pas reconnu ? — le vieux Jacques avait reculé d’un pas. C’était Arthur, son Arthur, mais combien changé et vieilli par la misère ! Une minute, le père et le fils se mesurèrent du regard