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Le petit Monsieur


— Brrr ! il fait froid, vous savez, dit le père Servan en entrant dans la cuisine de la ferme. « Il est fini l’été des sauvages et ben fini… N’importe ! j’suis content d’voir mon blé-d’Inde — et j’en ai gros c’t’année — rendu dans la grainerie, tout prêt pour l’épluchette. Brrr ! j’suis tout transi…

Il ôta son chapeau, l’accrocha à un clou planté dans l’un des soliveaux au-dessus de sa tête, près du fusil ankylosé par la rouille et par l’âge, et se rapprocha du feu.

— Viens prendre une tasse de thé chaud, lui dit la mère Servan, une petite vieille aux mouvements vifs, à la personne proprette et dont les joues, encore rondes, avaient l’air de pommes d’apis mûres.

— T’as raison, répondit Servan. « Ça m’réchauff’ra. » Il ajouta une nouvelle bûche d’érable à celle qui brûlait déjà allègrement dans le poêle, puis s’alla mettre à table, traînant sa chaise sur le plancher.