Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
LA CORVÉE

— Ah ! l’temps change vite, dans not’pays ! s’écria-t-il. « C’matin il faisait presque chaud, il faisait beau et c’soir, nous v’la enfermés comme si c’était l’hiver, contents d’boire une goutte de thé pour réchauffer la pauvre carcasse qui s’en va… Tout d’même, c’est bon ce changement… Cette chaleur, ce silence, ce poêle qui ronfle… Ça nous change de l’été. Et ça m’rappelle un tas d’choses… des choses ben loin, aujourd’hui, des figures, des souvenirs…

Un moment il sirota son thé avec béatitude, puis, se retournant vers une jeune fille qui s’occupait activement de la table, il ajouta gaiement :

— Dis donc, Yvonne ? Si on appelait une courvée pour l’épluchage de c’blé-d’Inde ? Est-ce que ça t’irait, toi ?

— Oh ! oui ! approuva la femme, « faisons une épluchette ! »

— Tu n’dis rien, Yvonne ?

— Mais je veux bien, parrain, répondit la jeune fille, toute rougissante de plaisir. « On mangera de la tire ? »

— Tant qu’on voudra !

— Et nous danserons ?

— Des gigues, des quadrilles, oui, ma fille, si l’on veut.