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LE PETIT MONSIEUR

de maïs au monceau central, se mit à le dévêtir proprement de son enveloppe. Les chaises et les bancs manquaient : les femmes prirent ce qu’on en put trouver, et les garçons, les hommes restèrent debout derrière elles ou s’assirent sur le parquet, en tailleur. Des rires éclatants fusaient, des petits cris, des exclamations… Partout on caquetait tandis que les mains travaillaient et, quand il se faisait la moindre accalmie, on entendait le bruit très doux, pareil à celui de la soie qu’on déchire, de l’enveloppe arrachée violemment du maïs mûr et sec.

André était disparu depuis un instant. Servan ne s’en aperçut pas tout d’abord, mais une des jeunes filles en ayant fait malicieusement la remarque, il s’empressa de s’informer.

— Ah ! laissez-donc, père Servan, cria le fils Leroux, un voisin. « On sait bien qu’André n’est pas d’not’monde !… On peut bien l’excuser, vous savez… »

— Pas d’not’monde ! s’exclama Servan, « pas d’not’monde ! Apprends, mon gars, qu’André est fils d’cultivateur, d’habitant comme toi et qu’il ne s’ra pas autre chose »…

— J’vous d’mande pardon, m’sieu Servan, reprit Leroux. « Je n’ai pas dit ça pour vous offenser.