Page:Société Saint-Jean-Baptiste - La corvée (deuxième concours littéraire), 1917.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
LA CORVÉE

Comme André n’paraissait pas s’plaire beaucoup à l’épluchette, j’ai cru…

— C’est bon, dit le père, je n’t’en veux pas. Et il ajouta, s’adressant principalement à sa femme : « Je vas chercher André »…

Quelques minutes plus tard il rentra suivi de son fils. Servan avait l’air mécontent, tandis qu’André montrait une nervosité qui ne disait rien de bon.

— Ah ! le v’là, m’sieu André ! s’exclama Leroux, goguenard. « Il faut que tu trouves l’épi rouge, André ! j’suis sûr que tu vas tomber dessus du premier coup…

— Oui, oui, dit Servan, « les mains à la pâte ! » Et sa voix prit un accent qui fit dresser les oreilles aux invités.

— Le fils Servan flanche à l’ouvrage, se dirent-ils. Et les jeunes filles se regardèrent entre elles, les unes avec surprise, les autres narquoisement. André rougit, mais s’approcha et se mit en devoir, lui aussi, de déshabiller les épis. Autour de lui le tapage, un instant calmé par cette scène, reprenait ; les yeux brillaient, une chanson s’ébauchait, coupée par une exclamation, et Leroux continuait son monologue de beau garçon qu’on admire et qui s’en rend compte tout à fait. Il suivait des yeux le