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LA CORVÉE

Et la journée avançait. Sous l’action des travailleurs, les pierres revenues à une blancheur moins effrontée, étaient replacées avec goût, les obélisques fatigués avaient repris la verticale, de longues allées purgées de détritus encadraient avec symétrie des lots parfaitement distincts. Peu à peu le cimetière avait repris sa physionomie de cité des morts ; à mesure que progressait l’entreprise, le sommeil des défunts semblait devenir plus calme, leur douleur plus résignée.

Le père Michel jubilait. Il avait réalisé son rêve de marguillier. Seule, une légère inquiétude assombrissait un peu la joie radieuse de son âme : il devait désigner à monsieur le curé l’heureux corvéable digne de la fameuse récompense. Tous avaient également porté le poids du jour et de la chaleur ; tous avaient droit au denier du père de famille. Heureusement qu’un incident providentiel vint trancher la difficulté.

* * *

Pendant que les travailleurs se rendaient aux pieds du grand Christ pour entendre les remerciements du pasteur, ils avaient remarqué là-bas un groupe d’enfants agenouillés sur le tertre encore frais d’une tombe. Chose singulière, c’était la