troisième visite de ces petits ce même jour. Que venaient-ils faire ? Pourquoi prier si souvent ? Le prêtre voulut en savoir la raison.
— Allez quérir ces enfants, dit-il à l’un de ceux qui approchaient.
Les enfants accoururent ; ils étaient cinq. C’était les cinq fils du père Michel.
— Pourquoi donc, mes enfants, dit le prêtre à haute voix, êtes-vous venus si souvent aujourd’hui dans le cimetière ?
— Nous sommes venus prier pour maman et les défunts, déclara Charles rougissant.
— Mais est-ce qu’une seule fois n’eût pas été suffisante ? demanda le prêtre.
— Vous nous avez dit hier, monsieur le curé, répondit Émile qui était l’aîné, de prier souvent. Alors nous avons décidé, nous aussi de faire une corvée…
— Une corvée ! Comment ?
— Oui, une corvée de prières pour vider le purgatoire. Vous nous racontiez dans votre prêche que nos pères en 1759, abandonnés par la mère-patrie et n’ayant plus d’espérance, murmuraient tristement : « Le Ciel est trop haut et la France trop loin pour espérer du secours. » Voilà pourquoi nous ne voulons pas que maman et les pauvres dé-