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Terre-neuve et fiançailles



Pierre Grenon s’est levé dès la première barre du jour ; son train est déjà presque fait, car aujourd’hui les gens du canton, convoqués la veille, viennent en courvée.

Pierre est un rude colon de Laflèche, hameau perdu sur la terre ontarienne. Tout à côté du sien, il vient d’acquérir un très grand lot, car, voyez-vous, les têtes blondes poussent au foyer, il faut pour elles multiplier les rendements par l’extension des domaines. Seulement ce lot, hier encore couvert de pins altiers, gardent fortement attachées au sol plein de promesses, les souches grises que la hache du bûcheron n’a pu que décapiter. Eh ! bien, ces souches drues et tenaces disparaîtront aussi ! et c’est la courvée qui les enlèvera.

Jamais on ne refuse d’aller à la courvée chez nous, encore moins sur cette terre en train de redevenir française ; à cause même des luttes vives et des persécutions de toutes sortes, on s’entraide joyeusement. C’est ainsi qu’aux avant-postes