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LA CORVÉE

funts puissent dire au fond de l’abîme : « Le Ciel est trop haut et nos parents de la terre trop loin. »

Un murmure d’admiration s’était élevé devant tant de sagesse. Le son sublime qu’avait rendu la bouche de cet enfant avait retenti dans l’âme de ces rudes campagnards. Il n’en était pas un qui ne fût touché, pas un qui ne se crût amplement payé de son labeur. Des larmes coulaient des yeux du prêtre. Il avait reconnu dans ces anges de la terre la présence de Celui qui cache ses mystères aux sages et les révèle aux petits.

— N’est-ce pas à eux qu’appartient de droit le prix du vainqueur ? demanda le prêtre.

Une approbation générale se fit entendre, et aux pieds du Christ souriant, les fils du père Michel reçurent des mains du pasteur le glorieux trophée de la corvée.

* * *

Et ce soir-là, pendant que résonnaient les notes de l’Angelus du soir, dans la paroisse de Saint-Jacques, la paix régnait à souhait dans le cimetière, purgatoire des corps, et dans l’abîme, purgatoire des âmes.


Abbé Arsène GOYETTE
(Esdras du Terroir)
Le 16 novembre 1916.